Le ciel s’assombrit au-dessus des Girondins de Bordeaux. Alors que la rétrogradation en National 2 de la section masculine est sur toutes les lèvres, une autre opération se trame en coulisses : la possible cession de la section féminine du club à un fonds d’investissement londonien. Un projet qui, s’il se concrétise, pourrait bouleverser l’avenir du football féminin bordelais.
Depuis plusieurs semaines, les discussions entre la direction des Girondins et un fonds anglais basé à Londres avancent à pas feutrés. Le fonds en question, dirigé par d’anciennes sportives de haut niveau, est spécialisé dans l’investissement dans le sport féminin en Europe. Leur proposition ? Racheter la section féminine pour le montant symbolique d’un euro. Thomas Jacquemier, le directeur général du club, est à la manœuvre de ces négociations, dans un contexte où les enjeux financiers et sportifs sont cruciaux.
La situation financière des Girondins est délicate. En redressement judiciaire, le club est à la recherche de solutions pour éviter une débâcle totale. Dans ce cadre, la cession de la section féminine apparaît comme une bouée de sauvetage. Si les Girondins venaient à disparaître, la section féminine, déjà fragilisée par une relégation en D2 et un manque de moyens, risquerait de sombrer elle aussi. Gérard Lopez, actuel propriétaire du club, a déjà fait savoir qu’il n’avait ni les ressources, ni la volonté de développer cette section.
Les Bordelaises, qui avaient atteint le tour préliminaire de la Ligue des champions à l’été 2021, ont vu leur budget fondre depuis l’arrivée de Lopez. La perspective d’un rachat par un fonds spécialisé dans le sport féminin pourrait donc leur offrir une issue salutaire, en leur redonnant des moyens et une ambition à la hauteur de leurs aspirations.
Si les Girondins parviennent à conclure cet accord, ils ne seraient pas les premiers à séparer les sections masculines et féminines. L’Olympique Lyonnais a ouvert la voie en février dernier en cédant sa section féminine à Michele Kang, une opération qui avait nécessité la création d’une SASP spécifique (Société Anonyme Sportive Professionnelle). Cette situation reste toutefois une exception dans le football français.
En juin dernier, l’Assemblée générale de la Fédération Française de Football a clairement affiché son opposition à la scission des sections masculines et féminines au sein des clubs. Cependant, dans le cas des Girondins, le président de la FFF, Philippe Diallo, a accordé une dérogation exceptionnelle. Compte tenu de la situation financière critique du club, cette décision est perçue comme une nécessité pour éviter que la section féminine ne soit entraînée dans la chute du club.
Un autre acteur pourrait toutefois peser dans la balance : la mairie de Bordeaux. Propriétaire des infrastructures d’entraînement au Haillan et du stade Sainte-Germaine au Bouscat, la mairie aura son mot à dire sur l’avenir de la section féminine, notamment en ce qui concerne les conditions d’utilisation de ces équipements. Pour l’heure, aucune déclaration officielle n’a été faite, mais la position de la municipalité sera déterminante dans la finalisation de cette cession.
Alors que l’équipe féminine des Girondins reprend l’entraînement ce lundi après-midi, l’avenir de la section reste incertain. La saison de D2 débutera le 15 septembre, mais d’ici là, de nombreuses questions demeurent sans réponse. La cession à ce fonds anglais pourrait offrir un nouvel élan à cette équipe, mais elle pourrait aussi soulever des interrogations sur l’avenir du football féminin bordelais.
Les semaines à venir seront donc décisives pour les Girondins de Bordeaux, tant pour la section masculine que pour la section féminine. Dans un contexte de crise profonde, chaque décision pourrait marquer un tournant pour l’avenir du club.
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