Une œuvre monumentale fait son apparition au Musée Mer Marine à Bordeaux
Jusqu’au 31 août, le Musée Mer Marine de Bordeaux accueille deux œuvres monumentales de Gérard Rancinan, photographe reconnu, né à Talence et aujourd’hui mondialement célèbre. Ses créations sont bien plus que de simples photographies ; elles sont des fenêtres ouvertes sur un monde où se mêlent fiction et réalité, histoire et contemporanéité.
À la fois hyperréelle et onirique, « Le Déluge » se distingue par sa grandeur – 5 mètres sur 4 – et par son pouvoir d’évocation. Ce n’est pas un simple paysage ou une scène catastrophique ; c’est un miroir tendu à notre époque. Rancinan et l’auteure Caroline Gaudriault, avec qui il collabore depuis plus de 25 ans, nous plongent dans une mégalopole submergée, un moment de chaos imminent où le temps semble suspendu. La photographie nous montre une scène urbaine envahie par les eaux. Des personnages, venus des quatre coins du monde, sont sur des rochers, leurs vies bouleversées par un cataclysme universel. Chacun d’eux incarne les traces d’une civilisation consumée par ses excès, à l’image de cette femme au bracelet en or ou de cet homme d’affaires à la montre de luxe.

À côté de cette fresque, « Le Radeau des illusions » dialogue avec « Le Déluge ». Plus ancienne, cette œuvre de 2008, inspirée du célèbre tableau « Le Radeau de la Méduse » de Géricault, évoque les réfugiés, ceux qui fuient la guerre, la misère, le dérèglement climatique. Ils voguent sur un radeau, portant avec eux des rêves de lumière, de luxe, de prospérité. L’image, à la fois violente et belle, interroge sur la notion d’illusion.

Pour réaliser une telle œuvre, Rancinan et son équipe ont mobilisé des dizaines de personnes pendant plusieurs mois. Le décor a été minutieusement conçu, une piscine creusée, des rochers et même un tronc d’arbre ont été installés dans un studio. Ce travail de titan, qui ressemble plus à une production cinématographique qu’à une simple séance photo, donne à l’image une force incroyable.
Au-delà de l’aspect esthétique, « Le Déluge » et « Le Radeau des illusions » portent un message fort. Ces images interrogent sur l’avenir du monde, sur la place de l’homme dans son environnement, et sur ce qu’il reste à préserver. À travers son art, Rancinan incite à la prise de conscience, tout en offrant une porte vers l’espoir et la résilience.

Si vous êtes à Bordeaux, ne manquez pas cette chance de voir ces photographies monumentales. Elles ne se contentent pas d’être vues, elles doivent être vécues. Une invitation à regarder notre monde avec un autre regard, plus attentif, plus respectueux. Un véritable miroir du monde, où chacun de nous peut se retrouver face à une question essentielle : que voulons-nous préserver du monde, lorsque tout menace de s’effondrer ?
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