Avant d’embrasser l’aspiration de devenir la « Ville solaire », comme le souhaite le maire actuel, Pierre Hurmic, Bordeaux est célèbre en tant que « Port de la Lune ». Ce surnom a été attribué par les Romains dès le Moyen-Âge, principalement en raison de la forme en croissant du lit du fleuve qui s’écoule dans la rade de Bordeaux.
À cette époque, la ville portait le nom de « Burdigala » et tirait l’essentiel de sa prospérité de son intense activité portuaire, centrée sur le commerce du vin. La courbe du fleuve, ressemblant à un croissant de lune, a même été intégrée au blason de la ville dès le règne de Richard Cœur de Lion, et l’astre lunaire est évoqué dans la devise : « Lilia sola regunt lunam, undas, castra, leonem » (« Les lys règnent seuls sur la lune, les ondes, la forteresse et le lion » en français). Au XIIe siècle, le port a été déplacé au cœur de la ville, marquant ainsi le début d’une ère où le commerce fluvial jouait un rôle central.
Au fil du temps, le commerce florissant de Bordeaux a été centralisé dans le quartier de la Bourse, où les palais de la ferme générale (précurseurs des douanes) ont été érigés. La place a été le lieu où toutes les marchandises entrant ou sortant du territoire étaient répertoriées, contrôlées et taxées. Aujourd’hui, cet emplacement abrite le Musée national des douanes. Après la victoire des rois de France à Castillon-la-Bataille en 1453, Bordeaux a vu la construction d’une forteresse, le château Trompette, au bord de la Garonne, marquant un tournant dans l’histoire de la ville. Les premiers négociants en vin ont alors élu domicile à proximité de la place de la Bourse, dans ce qui allait devenir le quartier élégant des Chartrons.
Bien que le « Port de la Lune » ne soit plus opérationnel au cœur de Bordeaux, en raison de l’aménagement des quais et du déplacement des activités maritimes vers le quartier des Bassins à flots, son appellation est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2007. Cette reconnaissance est attribuée au titre d’un « ensemble urbain exceptionnel », englobant 1810 hectares de la ville, une première pour une zone d’une telle ampleur. La municipalité de Bordeaux souligne que, en dehors de Paris, le « Port de la Lune » est la ville française qui compte le plus grand nombre de bâtiments protégés, selon le site internet de la Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO.
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