Le lion bleu, roi sans partage de la place Stalingrad à Bordeaux
Depuis le 1 février, ce lion ne voit plus l’ombre d’une voiture. D’abord détesté des Bordelais, puis finalement accepté, ce félin règne en maître sur la place Stalingrad depuis de longues années maintenant mais comment est-il arrivé là ?
Les Bordelais, vous êtes plutôt rive droite ou rive gauche ? Ce lion, lui, est placé en face de la rive gauche et semble bien décidé à défendre son territoire de la rive droite. Une sculpture impressionnante avec ses huit mètres de long et ses six mètres de haut. Une réalisation plutôt contemporaine qui s’oppose au style architectural très XVIIIe siècle de la place. Elle a été réalisée au XIXème siècle, en même temps que la réhabilitation de son quartier laissé en friche. Celle-ci a été menée sous l’air d’Alain Juppé, ancien maire de Bordeaux.
Une statue raffinée dont la posture face à la rive gauche n’est pas dûe au hasard
Embellir la ville, c’était le but premier de cette statue. Elle fait partie d’une commande publique des œuvres destinées à enrichir les communes de l’agglomération bordelaise. Son sculpteur Xavier Veilhan, plasticien lyonnais, a fait les choses subtilement : la couleur du lion n’a pas été choisie au hasard. Le lion est bleu doux, il est visible de l’autre côté de la rive et suivant l’angle de vue il peut se confondre avec la couleur du ciel. Il faut rappeler que cet animal ne célèbre rien en particulier, c’est comme un grand jouet de par sa structure : moulé en résine sur une armature en métal. En revanche, placé ici depuis 2005, il incarne le renouveau, en affirmant son style contemporain dans un quartier longtemps laissé à l’abandon.
Une place aux nombreux changements au cours de son histoire
La place Stalingrad a mis un moment avant de trouver son identité. Souvent changé de nom : au début elle s’appelait « place du Pont », puis « place Napoléon », puis de nouveau « place du Pont ». Elle a attendu 1946 pour s’appeler « place Stalingrad », en souvenir de la victoire décisive des Soviétiques sur les Allemands, au prix de terribles combats en 1942-1943. Réalisée par l’architecte Claude Deschamps, elle devait être à la base monumentale et ronde, mais sera finalement rectangulaire. À ses débuts, la place était très attractive pour ses parcs et ses différents marchés. L’arrivée des voitures, a fait subir de nouveaux changements à cette place qui commençait à s’habituer à sa nouvelle vie. L’endroit devient la gare routière de tous les bus de la rive droite. En 2003 le retour du tram génère de nouveaux changements, et c’est en 2005 que le lion de Veilhan devient le totem de ce lieu.
Veilhan, un homme populaire
Le père du lion bleu a vu sa cote de popularité grimper au niveau national mais aussi international. Âgé de 58 ans, ses oeuvres majeures sont le grand rhinocéros rouge qui est exposé à Beaubourg, le fameux « Carrosse » exposé à Versailles en 2009. Plus récemment encore en 2019 : « La Crocodile », réalisée avec Olivier Mosset.
Bref, chers bordelais, dorénavant quand vous croiserez le regard de notre lion bleu, vous aurez le sentiment d’un peu mieux le connaitre.