Tu habites autour de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, et le bruit des avions te dérange parfois pendant la nuit ? Rassure-toi, tu n’es pas seul ! Mercredi dernier, le préfet de la Gironde, Étienne Guyot, a présenté une étude d’impact qui pourrait bien changer la donne. Et la question qu’on se pose tous : Bordeaux-Mérignac deviendra-t-il l’un des aéroports les plus restrictifs de France en matière de nuisances sonores ?
Une situation qui pourrait empirer…
L’étude, menée par le bureau d’études Top70, a mis en lumière une réalité préoccupante : si rien n’est fait, le bruit autour de l’aéroport pourrait augmenter de 20% d’ici 2029. C’est loin d’être anodin, surtout quand on parle de qualité de vie pour les riverains. Et c’est précisément ce que l’étude a cherché à résoudre. En prenant en compte l’avis de 56 parties prenantes, dont des élus, des associations et des acteurs économiques, une nouvelle feuille de route a été tracée. Le but ? Réduire les nuisances sonores, notamment pendant la nuit, tout en préservant l’activité économique de l’aéroport.
Une restriction nocturne stricte
Alors, quelle solution a été privilégiée ? Un scénario de restrictions sérieuses. À partir de 22 heures, les avions les plus bruyants (ceux qui ne respectent pas un seuil de bruit de 13 EPNdB à l’atterrissage et 15 EPNdB au décollage) ne pourront plus ni décoller, ni atterrir jusqu’à minuit. Cela représente, selon les chiffres de 2023, une réduction de trois vols sur cette tranche horaire.
Mais l’élément clé de cette proposition, c’est le cœur de la nuit : entre minuit et 6 heures du matin, près de 75 % des vols ne respecteront pas les critères de silence requis (17 EPNdB). Résultat ? Les cinq vols nocturnes sur sept seront annulés, sans exception. Et certains modèles d’avions, comme l’Airbus A321 ou le Boeing B737-800, ne pourront plus voler pendant cette période. Mais attention, les vols retardés ou les urgences resteront autorisés. Il s’agit ici de réduire l’impact sonore, pas d’arrêter les secours.
Un prix à payer pour l’économie locale
Bien sûr, cette restriction a un coût. Si ces nouvelles mesures sont appliquées, cela entraînera la suppression de 1,8 million d’euros de recettes pour l’aéroport. Sans oublier la chute du PIB régional estimée à 8,8 millions d’euros. Difficile d’ignorer aussi la perte de 107 emplois et le déplacement de 187 000 passagers, une véritable onde de choc pour les acteurs économiques locaux.
Vers un renouvellement de la flotte
L’idée centrale de cette proposition repose sur un élément clé : la modernisation des avions. L’aéroport mise sur des appareils plus récents, moins bruyants et plus écologiques. Mais attention, cela suppose un temps d’adaptation. Le renouvellement de la flotte des quatre compagnies basées à Bordeaux (Air France, Volotea, Transavia, et EasyJet) n’est pas immédiat, et les carnets de commandes des constructeurs ne sont pas toujours à la portée de main. Le préfet Guyot le souligne clairement : ce processus devra être progressif, accompagné de contrôles et de sanctions. Un observatoire des vols de nuit devrait d’ailleurs être mis en place pour suivre l’évolution des restrictions.
Une mise en œuvre encore incertaine
Ces nouvelles règles devront encore être validées par plusieurs instances : le ministre délégué des Transports, Philippe Tabarot, puis la Commission européenne et l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa). Un parcours semé d’embûches qui pourrait retarder la mise en œuvre de cette politique à mi-2026.
En résumé, l’aéroport de Bordeaux-Mérignac se prépare à devenir un modèle de gestion des nuisances sonores, mais à quel prix ? Si les riverains pourraient y voir une avancée majeure, les acteurs économiques risquent d’en payer le prix fort. Il ne reste plus qu’à attendre que les parties prenantes trouvent un terrain d’entente, et que la modernisation de la flotte se mette en route.
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