Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a annoncé ce mardi 12 novembre la création d’une nouvelle brigade de policiers municipaux, une décision qui marque un tournant dans la gestion de la sécurité en ville. À partir de 2025, une partie des agents municipaux sera équipée d’armes létales, une première pour la ville.
Une décision longtemps débattue
Ce projet, très attendu par les policiers municipaux, n’était pourtant pas gagné d’avance. Longtemps réfractaire à l’idée d’armer ses agents, Pierre Hurmic avait même exprimé, en avril 2024, son opposition à ce modèle, le qualifiant de typiquement américain. Pour lui, la sécurité publique devait rester du ressort des forces nationales, et il rejetait l’idée d’une police municipale armée.
Cependant, après une mobilisation importante des policiers municipaux, des manifestations devant la mairie et un soutien croissant de l’opposition, la position du maire a évolué. L’attaque à l’arme blanche sur le miroir d’eau en mai 2024 a exacerbé les tensions et mis en lumière la nécessité de revoir les dispositifs de sécurité. C’est ainsi qu’a émergé la décision de créer une brigade d’appui et de sécurisation, composée de policiers municipaux armés de pistolets.
Le fonctionnement de la brigade d’appui et de sécurisation
La brigade d’appui et de sécurisation sera formée de cinquante agents qui interviendront principalement sur les zones les plus sensibles de Bordeaux, notamment les quartiers classés en zone de délinquance renforcée, comme les Capucins ou la rue Élie Gintrac. Leur mission sera de soutenir les brigades existantes, en particulier en soirée, lorsque leur présence sera renforcée dans toute la ville.
Cette brigade spéciale sera équipée d’armes létales, mais le maire a tenu à préciser que la sécurité municipale serait toujours complémentaire à celle des forces nationales. « Nous ne remplaçons pas la police nationale, nous coproduisons », a insisté Marc Etcheverry, l’adjoint au maire en charge de la sécurité. Les agents suivront une formation spécifique, plus poussée que celle habituellement dispensée aux policiers municipaux, incluant des formations en maniement d’armes et des interventions avec des experts comme le GIGN.
Une nouvelle organisation pour une sécurité renforcée
Au-delà de cette brigade, la réorganisation de la police municipale s’inscrit dans un plan plus global. Pierre Hurmic a annoncé la création d’une école de formation et la redéfinition de la présence policière dans la ville. Bordeaux sera désormais divisée en cinq secteurs géographiques, chacun doté d’un groupe d’agents dédiés, qui se déplaceront principalement à pied ou à vélo pour renforcer leur proximité avec les habitants.
Cette réorganisation a pour but de garantir une présence policière constante, en particulier dans les zones sensibles, tout en permettant aux agents de mieux connaître leur secteur et d’instaurer une relation de confiance avec les habitants. Le maire a également souligné que l’éthique et la déontologie des policiers seraient au cœur de cette nouvelle approche.
Un coût et une gestion sous haute surveillance
La mise en place de cette brigade d’appui et de sécurisation ne sera pas sans coût. Le budget annuel consacré à son fonctionnement s’élève à environ 25 000 euros. De plus, chaque agent de la brigade armée sera soumis à un bilan médical et psychologique annuel afin de garantir leur aptitude à gérer des situations à risques.
Pierre Hurmic a par ailleurs révélé qu’il allait rencontrer le ministre de l’Intérieur dans les prochaines semaines pour discuter de la création d’une compagnie de CRS locale, une demande récurrente depuis plusieurs mois. Cette compagnie, si elle venait à voir le jour, pourrait compléter l’action des policiers municipaux et offrir une réponse plus robuste aux besoins de sécurité publique.
Vers une nouvelle ère pour la police municipale bordelaise
Avec cette nouvelle brigade, Bordeaux franchit un cap dans sa politique de sécurité. Entre la formation des agents, l’introduction des armes à feu et la redéfinition de la présence policière sur le terrain, la ville se prépare à faire face aux défis d’une délinquance en constante évolution. Un projet ambitieux qui, selon Pierre Hurmic, n’aurait pas été envisagé sans la pression croissante d’un environnement de plus en plus complexe à gérer.
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