Les lacs de Hourtin, Carcans, Lacanau, Cazaux, Sanguinet, Aureilhan, Soustons, tous situés dans la majestueuse forêt des Landes, sont tous connectés à la mer par des cours d’eau ou des zones marécageuses plus ou moins navigables. Parmi eux, le courant d’Huchet se distingue, reliant l’étang de Léon à l’Atlantique, s’unissant au cœur des grandes dunes de Moliets-et-Maa. Les amateurs peuvent descendre ses eaux en canoë ou explorer ses rives à pied.
Sur une surface d’eau d’une tranquillité absolue, les canoës des sportifs et les barges des promeneurs glissent sans effort à une allure soutenue. Le courant d’Huchet, avec celui de Contis, est réputé comme le plus navigable parmi tous ceux qui parcourent le littoral landais. Il offre une immersion totale dans une nature préservée, où sur une dizaine de kilomètres, l’onde vous transporte vers un endroit isolé. Un silence absolu règne ; rien ne bouge sur les rives, à l’exception parfois du vol gracieux et coloré d’un martin-pêcheur.
Le point de départ de cette aventure est l’embarcadère de l’étang de Léon, parmi les lacs landais les moins connus mais peut-être les plus esthétiques. Niché au cœur de la forêt, ce lac circulaire semble être une œuvre d’art encadrée par les pins. Qui pourrait imaginer que l’océan est si proche au cœur de cette forêt ? Le courant d’Huchet s’échappe à l’ouest de l’étang, formant un large ruisseau serpentant à travers un environnement naturel complexe, mélangeant pinède et marais. Tout au long de son parcours, les paysages se succèdent, passant des branches basses des feuillus, à la pinède, à la lande, et aux marécages. Vous vous retrouvez au cœur d’une réserve naturelle créée pour préserver un biotope exceptionnel, rassemblant la faune et la flore des milieux marins et terrestres.
Au fur et à mesure que les joncs deviennent moins nombreux, le sable de la dune apparaît, marquant l’entrée dans une lagune d’eau saumâtre. L’estuaire est protégé de la mer par une dune vierge, tandis que sur la rive opposée poussent des conifères nains. L’étroit cours d’eau s’élargit peu à peu en rivière, mais le courant semble presque disparaître. Vous observez que l’eau, stagnante, devient trouble puis prend des teintes étranges. Une atmosphère singulière s’installe alors que vous vous apprêtez à passer sous le pont de Pichelèbe.
C’est là que la surprise surgit, lorsque soudainement vous percevez un grondement énorme qui vous assaille, semblant surgir de nulle part. On pourrait le comparer au passage d’un avion à réaction au loin, mais le rugissement persiste et s’intensifie. La cause en est simple : le bruit légèrement inquiétant provient des vagues s’écrasant inlassablement sur la plage. Pichelèbe est pourtant à plus d’un kilomètre de la mer ! En réalité, plus l’eau est calme, plus le vacarme des vagues porte loin sur la lagune.
Une navigation paradoxale commence alors. Vos yeux savourent un paysage idyllique et paisible, tandis que vos oreilles sont envahies par la fureur océanique. Impossible de ne pas anticiper l’arrivée soudaine d’une vague géante ou d’un mascaret dévastateur. Pourtant, le courant d’Huchet reste calme, étrangement rassurant. Avant même que vous aperceviez les vagues, vous ressentez la mer et remarquez une vapeur d’embruns qui s’élève au loin.
Alors, le grondement des vagues se mêle aux cris de centaines de mouettes. Vous naviguez maintenant entre deux plages de sable fin, la forêt landaise oubliée, laissant place à l’océan. Atteindrez vous la mer ? Probablement pas, car si l’eau demeure si calme, c’est grâce à un haut banc de sable vous protégeant des longues vagues déferlantes.
Le lieu a obtenu le statut de site classé en 1934, rejoignant ainsi la liste des monuments naturels et des sites caractérisés par leur aspect artistique, historique, scientifique, légendaire, ou pittoresque. En 1981, il a été élevé au rang de réserve naturelle nationale, consacrant ainsi sa valeur particulière dans la préservation de la biodiversité et de son patrimoine exceptionnel.
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