Près de Bordeaux, une petite révolution écologique est en marche : une forêt expérimentale sans pluie. Oui, tu as bien lu ! Le projet FORLand, lancé à Floirac, a pour mission de tester la résistance des arbres face à des conditions climatiques de plus en plus extrêmes. L’idée ? Mesurer la capacité des pins maritimes à survivre à des sécheresses de plus en plus fréquentes et sévères. Si ces arbres emblématiques de la région peuvent s’adapter, cela pourrait bien redéfinir l’avenir des forêts françaises.
Une mini-forêt sous contrôle
Cette forêt expérimentale est un véritable laboratoire à ciel ouvert. 500 pins maritimes, issus de huit provenances différentes, ont été plantés sur une parcelle de 200 m². Leur particularité ? Ils seront privés de 60 % des précipitations durant les mois cruciaux de printemps et d’été. Ce dispositif d’« exclusion de pluie » simule les conditions prévues pour la fin du siècle : des étés secs et des hivers plus humides.
Pour ce faire, une structure en bois de 10 mètres de haut a été installée au-dessus de cette mini-forêt. Ce toit amovible se refermera automatiquement à la moindre goutte de pluie. Le toit se fermera dès qu’il détectera une goutte de pluie et restera fermé pendant les deux heures qui suivront l’averse. Rien n’est laissé au hasard : une tranchée empêche même les eaux souterraines d’atteindre les racines des arbres.
Pourquoi ces pins maritimes ?
Ces arbres, qui couvrent près d’un million d’hectares dans la forêt des Landes de Gascogne, sont au cœur de l’économie forestière locale. Leur résistance au changement climatique est donc un enjeu majeur. Le but est de déterminer quelles essences d’arbres sont les mieux adaptées aux conditions climatiques de demain, pour mieux conseiller les sylviculteurs.
Le projet FORLand ne s’arrête pas là. Dès l’année prochaine, des essences feuillues comme les chênes et les bouleaux seront également testées. L’idée est de diversifier les plantations pour contrer les ravages causés par les insectes et maladies, qui prolifèrent avec le réchauffement climatique. Cette approche vise à protéger la biodiversité tout en garantissant la pérennité des forêts face aux nouvelles conditions climatiques.
Des données pour mieux comprendre
Grâce à un « monitoring » précis, les chercheurs collecteront une foule de données : flux de sève, croissance, bourgeons, état des feuilles… Tout sera observé à la loupe pour comprendre à quel point chaque variété de pin supporte le stress hydrique. Mais ce projet n’est qu’un élément d’un puzzle plus grand : deux parcelles de 16 hectares, toujours à Floirac, abritent 36 000 pins supplémentaires, permettant une analyse à grande échelle.
L’avenir des forêts en jeu
Le réchauffement climatique pose des défis sans précédent à nos forêts. En France, la mortalité des arbres a déjà augmenté de 80 % en dix ans. À Floirac, cette forêt expérimentale pourrait bien détenir la clé pour savoir à quoi ressembleront les forêts de demain. Grâce à des outils comme ClimEssences, un logiciel de simulation climatique, les chercheurs anticipent déjà que le pin maritime est plutôt bien adapté. Mais ces expériences in situ permettront de confirmer, ou non, ces projections.
Alors, si tu te demandes à quoi ressembleront les forêts françaises d’ici la fin du siècle, cette expérimentation pourrait bien apporter des réponses. Entre innovation scientifique et urgence climatique, Floirac est désormais au cœur d’un combat pour l’avenir de nos forêts.
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