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Les secrets cachés des noms de rue de Bordeaux

Vous connaissez sans doute les noms des rues de Bordeaux – vous y habitez, y travaillez ou les parcourez pour vos sorties favorites. Mais vous êtes-vous déjà demandé quelle histoire se cache derrière ces dénominations ?

Qui étaient ces personnages honorés par une plaque ? Pourquoi certaines rues portent des noms énigmatiques, comme la rue de la Devise (rien à voir avec la monnaie) ou la rue des Faures (un terme médiéval oublié) ?

Bordeaux Rue du Loup, Pas-Saint-Georges, Bouquière… Derrière ces noms énigmatiques se cachent des métiers disparus et des légendes urbaines oubliées. Crédit : Ville de Bordeaux

À Bordeaux, chaque nom de rue est une capsule temporelle, un vestige d’un passé révolu. Certaines appellations remontent au Moyen Âge, d’autres à la Révolution, et beaucoup ont évolué au fil des siècles. Dans cet article, nous allons décrypter l’origine de ces odonymes (le terme savant pour « noms de rue ») et explorer leur lien avec l’histoire de la ville. Si vous souhaitez connaître l’origine d’une rue en particulier, n’hésitez pas à le demander en commentaire ou sur les réseaux sociaux : nous tenterons d’y répondre !

L’odonymie : une science qui raconte l’histoire de Bordeaux

L’étude des noms de rue, ou odonymie, est une discipline fascinante qui permet de retracer l’évolution d’une ville. À Bordeaux, où l’histoire s’étend sur plus de 2 000 ans, les rues portent les traces des différentes époques :

  • L’Antiquité : Quelques rares noms rappellent l’époque romaine, comme la rue du Temple des Piliers, évoquant un ancien sanctuaire gallo-romain.
  • Le Moyen Âge : De nombreuses rues tiennent leur nom des métiers qui s’y exerçaient (rue des Faures = forgerons, rue de la Rousselle = teinturiers).
  • L’époque moderne : Après la Révolution, certaines rues ont été rebaptisées pour effacer les références monarchiques ou religieuses.
  • Les XIXe et XXe siècles : Les grands travaux haussmanniens et l’expansion urbaine ont donné naissance à de nouvelles artères, souvent nommées en l’honneur de personnalités locales ou nationales.

Exemple emblématique : La rue Sainte-Catherine, la plus longue rue piétonne d’Europe, doit son nom à une ancienne chapelle dédiée à Sainte Catherine d’Alexandrie.

Bordeaux Des Chartrons à la Bastide, les noms de rue révèlent l’âme de la ville : vins, cordages et anciennes fermes gasconnes. Crédit : Wikipedia

Quartier par quartier : décryptage des odonymes bordelais

A. Le centre historique : entre religion et pouvoir

Le cœur de Bordeaux regorge de rues aux noms évocateurs :

  • Rue du Parlement Sainte-Catherine : Elle rappelle l’ancien parlement de Bordeaux, institution judiciaire majeure sous l’Ancien Régime.
  • Rue des Trois-Conils : Son nom vient des « trois conseils » (noblesse, clergé, tiers état) qui gouvernaient la ville au Moyen Âge.
  • Rue de la Devise : Contrairement aux apparences, rien à voir avec la monnaie ! Ce nom viendrait du latin divisa, signifiant « limite », car la rue marquait autrefois une séparation entre deux paroisses.

Les Chartrons : le quartier des négociants en vin

Ce quartier doit son nom aux moines chartreux qui y possédaient des terres. Les rues témoignent de son passé viticole :

  • Rue Notre-Dame : Nommée en référence à l’église Notre-Dame, fréquentée par les négociants en vin.
  • Rue Raze : Évoque les « raseteurs », ouvriers qui nettoyaient les tonneaux.

La Bastide : l’héritage industriel

Sur la rive droite de la Garonne, ce quartier conserve des traces de son passé ouvrier :

  • Rue de la Corderie : Lieu où l’on fabriquait des cordages pour les navires.
  • Rue des Terres de Borde : « Borde » signifie « ferme » en gascon, rappelant l’ancienne vocation agricole du secteur.

Les personnages célèbres qui ont donné leur nom aux rues

Bordeaux Saviez-vous que la rue Sainte-Catherine doit son nom à une chapelle disparue ? Plongée dans l’odonymie bordelaise fascinante. Crédit : Wikipedia

De nombreuses rues rendent hommage à des figures historiques :

  • Cours de l’Intendance : Nommé en l’honneur de l’intendant Tourny, qui modernisa Bordeaux au XVIIIe siècle.
  • Rue Montesquieu : Hommage au philosophe bordelais, auteur de L’Esprit des Lois.
  • Rue Élie Gintrac : Médecin et humaniste du XIXe siècle.

Cas particulier : La place de la Bourse, initialement « place Royale », fut rebaptisée après la Révolution pour effacer toute référence à la monarchie.

Pourquoi préserver ces noms ? L’odonymie comme patrimoine

Les noms de rue ne servent pas qu’à s’orienter : ils sont une mémoire collective. Les modifier efface des pans entiers de l’histoire. Par exemple :

  • La rue du Hâ rappelle l’existence d’un ancien fort médiéval aujourd’hui disparu.
  • La rue du Mirail (« miroir » en gascon) évoque un étang qui a depuis été asséché.

Débat actuel : Faut-il renommer certaines rues aux connotations coloniales ou controversées ? La question se pose pour des noms comme rue Balguerie-Stuttenberg (négociant impliqué dans la traite négrière).

Et vous, quelle rue bordelaise vous intrigue ?

Les noms de rue de Bordeaux sont bien plus que de simples indications : ce sont des fragments d’histoire, des hommages, des traces d’un passé parfois oublié. En les décryptant, on redécouvre la ville sous un nouveau jour.

Bordeaux Découvrez l’histoire secrète des rues : de la rue des Faures (forgerons) à la Devise (limite), chaque nom raconte un passé oublié. Crédit : Wikipedia

À vous de jouer : Quelle rue bordelaise vous intrigue ? Partagez vos suggestions, et nous enquêterons sur son origine !

3 rues mystérieuses à explorer

  1. Rue du Loup : Un loup a-t-il vraiment erré ici ? (Réponse : non, c’était l’enseigne d’une auberge.)
  2. Rue du Pas-Saint-Georges : Le « pas » désigne un passage étroit, pas une danse !
  3. Rue Bouquière : Elle tient son nom des « bouquiers », des fabricants de boucles médiévales.

Alors, prêt à devenir un expert des rues de Bordeaux ?

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