À Toulenne en Gironde, les cerisiers du futur prennent racine sous l’œil attentif des spécialistes de l’unité expérimentale arboricole de l’Inrae. Sur le domaine des Jarres, une île de 70 hectares située sur la rive gauche de la Garonne près de Langon, les chercheurs s’attellent à la tâche ardue de sélectionner des variétés d’arbres fruitiers capables de résister aux caprices du climat.
La production de cerises est en chute libre ces dernières années, une situation préoccupante pour les amoureux de ce fruit estival. La floraison précoce, l’éclatement des fruits et les attaques du moucheron asiatique drosophile sont les trois fléaux majeurs qui affectent les cerisiers.
Les parcelles du domaine des Jarres ne sont pas seulement une source de fruits, mais un laboratoire à ciel ouvert. Les cerisiers, abricotiers, noyers et pommiers y sont étudiés quotidiennement. L’objectif de l’Inrae est clair : créer des variétés d’arbres fruitiers robustes face aux défis climatiques. Par le biais de croisements génétiques, les chercheurs espèrent développer des cerisiers plus résistants.
Le processus de sélection des variétés résistantes est long et méticuleux. Seules les variétés les plus robustes, celles capables de supporter les rigueurs climatiques, sont conservées.
Car l’humidité est un fléau pour les cerisiers. Sur le domaine des Jarres, certaines branches sont protégées par des moustiquaires, et des canons effaroucheurs sont utilisés pour protéger les récoltes. David Allétru, technicien de recherche, explique que les cerises éclatent à cause de l’humidité excessive. Pour remédier à ce problème, des outils numériques comme des caméras, des sondes thermiques et des scanners 3D, montés sur des convoyeurs et des drones, sont utilisés pour analyser les caractéristiques hydriques des fruits.
À Toulenne, les chercheurs de l’Inrae mènent ainsi une bataille silencieuse mais essentielle pour assurer l’avenir des cerisiers face au changement climatique. Grâce à leurs efforts, les vergers de demain seront peut-être capables de résister aux défis posés par des hivers moins froids, des étés plus humides et des parasites plus agressifs. En attendant, les amoureux de cerises peuvent espérer des jours meilleurs pour ce fruit délicat.
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