Et si l’alimentation devenait un droit universel, accessible à tous, quels que soient ses moyens ? C’est l’ambition portée par l’expérimentation inédite lancée en Gironde en avril 2024 : une sécurité sociale de l’alimentation. Inspirée d’initiatives locales, comme celle menée à Montpellier depuis février 2023, cette expérimentation d’un an vise à lutter contre la précarité alimentaire et à soutenir les agriculteurs locaux.
Concrètement, comment ça marche ? 400 Girondins, répartis en 193 foyers, cotisent selon leurs moyens (à partir de 10€ par mois et par personne) à une caisse commune. Cette cotisation solidaire permet de financer une allocation mensuelle versée aux participants.
L’allocation est calculée en fonction de la composition du foyer : 150€ (ou 150 MonA, la monnaie locale utilisée pour ce dispositif) pour une personne et 75€ par personne supplémentaire. Cette allocation est ensuite accessible sur un compte numérique et peut être dépensée dans un réseau de points de vente partenaires, sélectionnés selon des critères nutritionnels, environnementaux et sociaux.
L’expérimentation s’articule autour de deux territoires :
- Zone urbaine : les villes de Bègles et Bordeaux
- Zone rurale : le Pays Foyen et le Sud Gironde
Le budget global de l’opération s’élève à 543 000€, financé à 40% par les cotisations des participants et le reste par des subventions publiques et privées.
Un enjeu crucial pour la Gironde :
- 200 000 Girondins sont aujourd’hui en situation de précarité alimentaire, soit 12% de la population du département.
- Les agriculteurs girondins vivent en moyenne avec un revenu mensuel de 600€, ce qui fragilise leur situation économique.
L’ambition est double :
- Lutter contre l’insécurité alimentaire en garantissant à tous un accès à une alimentation saine et durable.
- Soutenir les agriculteurs locaux en favorisant la vente directe de leurs produits et en rémunérant leur travail à un prix juste.
En Gironde, l’espoir est grand : à l’issue de l’année d’expérimentation, les résultats collectés serviront à étayer une proposition de loi visant à généraliser la sécurité sociale de l’alimentation à l’ensemble du territoire français.
Vers un nouveau modèle social ?
L’expérimentation girondine s’inscrit dans un contexte national marqué par une prise de conscience croissante des enjeux alimentaires. La loi Egalim, promulguée en 2018, a déjà posé les jalons d’une meilleure alimentation pour tous. La sécurité sociale de l’alimentation pourrait aller plus loin en instaurant un véritable droit à l’alimentation, accessible à tous, et en contribuant à la construction d’un système alimentaire plus juste et durable.
En conclusion, l’expérimentation girondine de la sécurité sociale de l’alimentation est une initiative prometteuse qui pourrait révolutionner notre rapport à l’alimentation. En s’attaquant aux racines de la précarité alimentaire et en valorisant le travail des agriculteurs, elle ouvre la voie vers un modèle social plus juste et plus solidaire.
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