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Gérard Lopez écrit une lettre aux supporters des Girondins de Bordeaux

Dans une lettre récemment adressée aux supporters des Girondins de Bordeaux, Gérard Lopez, président et propriétaire du club, s’est exprimé pour justifier ses décisions et actions controversées.

Face à une période de turbulences sportives et administratives, Lopez a ressenti le besoin de clarifier sa vision, sa stratégie et son engagement pour le futur du club. Cette lettre marque un tournant dans sa communication avec les fans, cherchant à rétablir un dialogue et à apaiser les inquiétudes de la communauté bordelaise. Mais, que contient réellement ce message, et parvient-il à convaincre les supporters de sa sincérité et de ses intentions? Explorons ensemble les points clés de cette prise de parole.

LETTRE OUVERTE DE GERARD LOPEZ

Chères supportrices,
Chers supporters,
Chers partenaires, employés et vous tous amoureux du club,

Je viens vers vous après quelques semaines sans prise de parole qui s’explique tout d’abord par le fait que nous avons dû nous concentrer pleinement sur la préoccupation première qui était d’éviter la liquidation judiciaire du club, et donc sa disparition pure et simple, sans possibilité de se reconstruire une équipe et un projet sportif avant de nombreuses années.

Mon silence s’explique aussi en partie par la violence exceptionnelle de certains messages profondément malveillants. Ça n’est pas l’objet de cette lettre, mais rien ne justifie que l’on profère de telles menaces. Je comprends la passion qui entoure un club et la douleur engendrée par la situation économique et sportive mais cela n’excuse en rien ces agissements.

Je vous adresse cette lettre pour vous expliquer clairement la situation et notre projet, en assumant également les erreurs que j’ai pu commettre. J’ai analysé attentivement la situation et je considère que j’aurais dû m’investir davantage au niveau local. En effet, la situation du club ces dernières années m’a amené à consacrer une grande partie de mon temps et de mon énergie à mener des discussions financières qui ont notamment permis la diminution significative de la dette financière, mais je n’ai pas assez pris le temps de comprendre la ville et ses acteurs économiques désireux de soutenir sincèrement le club.

Je pense qu’un relai local fort a manqué au club pour identifier et me signaler les bonnes volontés, désireuses de s’investir à nos côtés, mais également les dysfonctionnements et divisions qui se sont manifestés et qui sont autant d’héritages pesants d’un passé prestigieux mais parfois difficile.

J’aurais également dû intervenir de manière plus agressive, et disons-le de manière plus autoritaire, sur le volet sportif, comme je l’avais d’ailleurs fait auparavant, et avec succès.

Pourtant, les investissements consentis ces deux dernières saisons étaient sans aucune mesure avec ce qui a pu être historiquement investi dans un club de Ligue 2, dans le but de suivre la demande d’entraineurs et de la direction sportive. Malheureusement les résultats n’ont jamais été à la hauteur de nos attentes et des montants versés.

Surtout, nous avons vécu lors de la descente en Ligue 2, tout comme la saison dernière, une faillite sportive totale, et cela à tous les niveaux de responsabilité, en commençant par moi-même.

Pour la mémoire exacte des évènements des dernières saisons, Il faut se rappeler que, à l’été 2021, j’ai été contacté par le club et une banque d’affaires, m’expliquant qu’il y avait une situation plus que critique au FCGB, qui amenait le club en liquidation et donc à sa quasi-disparition directe.

Afin d’éviter celle-ci, il fallait reprendre des dettes, restructurer, mettre des fonds et travailler d’arrache-pied. Nous l’avons fait et nous avons réussi, en quelques jours seulement, ce qui paraissait être un pari impossible.

A cette époque nous avions déjà autour du club une série de soi-disant investisseurs, qui voulaient le reprendre ou s’associer avec nous sans fonds ou pire avec des faux documents de disponibilité de fonds, et même, dans le cas le plus invraisemblable, un « investisseur » nous demandant un prêt d’argent afin d’investir.

Force est de constater que ces propositions étaient toutes plus fantaisistes les unes que les autres et dénuées de réels fondements, voire carrément malhonnêtes.

Je déplore cependant que ces mêmes « investisseurs » soient aujourd’hui de retour et même s’il n’est pas nécessaire d’y accorder davantage de sérieux qu’à l’époque, je ne puis que regretter le crédit assez incompréhensible que semble leur accorder certains élus.

Si l’on revient également sur le passé, il convient de rappeler qu’en juillet 2021, le club perdait 67 millions d’euros en Ligue 1, et 128 millions d’euros en cumul entre 2019 et 2011, avec des dettes financières de 40 millions d’euros (11 millions d’euros aujourd’hui) et un total de dettes au-dessus 100 millions d’euros là où nous étions redescendus à la moitié dès 2022.

Il nous a alors été impossible de renforcer l’équipe étant donné la situation économique, et pire il nous a été impossible de faire partir une série de joueurs qui avaient un contrat à longue durée et n’avaient aucune valeur sur le marché étant donné leurs salaires.

Ce manque de performance sportive, lié à une ambiance dans le vestiaire absolument détestable, nous a amené en Ligue 2 de façon quasi inéluctable.

Or, les Girondins de Bordeaux, du fait de ses charges fixes, ne sont pas un club qui devait et pouvait exister dans des divisions inférieures économiquement.

Cette descente en Ligue 2 fut suivie par un engouement populaire sans précédent amenant le club à la porte d’une montée immédiate, qui aurait tout changé.

Mais à nouveau le sportif a complètement failli à un moment clé, et je m’en veux de ne pas avoir pris la parole dans le vestiaire comme j’avais coutume de le faire lors des derniers matches clés. Sachez que je regrette aujourd’hui très sincèrement cette passivité qui n’est ni dans ma culture, ni dans mes habitudes.

Aussi me suis-je retrouvé au milieu de la pelouse lors du dernier match de cette saison contre Rodez, les larmes aux yeux, regardant les supporters, joueurs et employés présents, en me disant après l’arrêt définitif de la rencontre, que nous ne pouvions en rester là et qu’il fallait se relever.

C’est dans cet état d’esprit que, avec la volonté ferme de remonter dès la saison 23/24, j’ai décidé d’investir un montant sans précédent pour un club français en Ligue 2.

Beaucoup critiquent aujourd’hui cette décision qui a engagé mes finances, ce que je peux comprendre. J’ai investi mon argent personnel et ai d’ores et déjà acté que cela n’alourdirait pas la dette du club.

Sans connaître le résultat de l’appel d’offre des droits TV, qui se révélera par la suite être catastrophique, nous avions décidé de monter un projet financier à long terme sur cinq ans, ayant comme objectif de ramener le club en Ligue 1 et à un moment donné en Europe. Quinze investisseurs ont été intéressés, nous avons reçu des propositions d’investissement de quatre d’entre eux, et un cinquième avec une proposition de reprise majoritaire qui n’a jamais été au-delà d’une lettre d’intention.

Dans deux des cas les demandes étaient sportives puisque les offres ont émané dès janvier. Nous n’avons pas été capables d’y répondre sur le terrain, car il s’agissait d’une place de barragiste ou proche de celle-ci.

Dans la dernière offre la demande était purement financière, en cas de montée en Ligue 1 en deux saisons et le manque à gagner sur les nouveaux droits télé a freiné cet investissement. Il s’agit là d’une problématique de couverture des charges à laquelle la plupart des clubs français seront malheureusement contraints dans les deux prochaines années car comment équilibrer une saison sportive qui nécessite des investissements considérables avec des recettes en forte diminution ? C’est une équation impossible qui nécessite un redimensionnement urgent des clubs.

Face à cette impossibilité d’attirer un investisseur, nous n’avons eu d’autre choix que de nous orienter vers la procédure collective et plus précisément le redressement judiciaire pour éviter la liquidation judiciaire pourtant ardemment souhaité par certains qui ne peuvent se qualifier d’amoureux ou de supporteurs d’un club dont ils souhaitaient la disparition pure et simple.

C’est alors présenté un dilemme puisque financièrement la baisse des recettes ne nous permettait plus d’assurer le maintien du statut professionnel et du centre de formation sans un budget d’une vingtaine de millions d’euros, ce qui n’est pas raisonnable en National car cela aurait signifié encore de lourdes pertes pour le club sans garantie d’une remontée automatique la saison suivante.

C’est donc la mort dans l’âme que le club a déposé le statut pro, afin de s’assurer son sauvetage. Je regrette à ce sujet un nouveau manque de communication car il été plus simple et plus respectueux pour vous tous d’expliquer alors les raisons de cette orientation que certains, et je le comprends, ont mal vécu. Je pense à ce titre aux salariés du club qui se sont beaucoup investis dans leur métier et pour le club et qui subissent aujourd’hui les conséquences d’un plan de sauvegarde de l’emploi pour répondre à nos nouvelles contraintes.

Dès ce moment un budget a été mis en place pour une place en National 1, nous avons travaillé de façon diligente afin d’avoir une équipe compétitive, nous nous sommes battus devant les instances footballistiques avec plus que des arguments, mais des certitudes, sans pour autant avoir été entendus, et donc devant accepter la N2. J’ai par ailleurs investi personnellement de nouveau pour appuyer le budget.

Aujourd’hui, nous allons donc nous battre pour ramener le club là où il n’aurait jamais dû cesser d’être, c’est-à-dire une institution légendaire du football français et de tout premier plan.

Nous entendons les critiques et les acceptons quand elles sont fondées ou constructives. Je n’y reviendrais pas mais l’intoxication de certaines fausses « bonnes volontés » abiment encore davantage la situation car elles font naitre de fausses espérances et ne servent que de petites ambitions personnelles et, in fine, purement mercantiles.

Je termine également ce message pour vous informer que je vais m’entourer de deux personnalités qui m’apporteront leurs relais et leur savoir-faire.

Le club va nommer M. Arnaud de Carli en tant que vice-président des relations institutionnelles ayant comme mandat de rapprocher le club du tissu local mais aussi avec des fonctions en interne. Arnaud nous apportera son amour pour le club, son relationnel et son dévouement sans faille pour le projet.

Nous serons aussi soutenus par M. Guy Cotret actuellement membre du conseil, qui viendra soutenir le club sur les processus financiers, administratifs et étant donné son expérience professionnelle en tant que chef d’entreprise et son expérience dans la gestion des clubs de football et des instances fédérales.

Enfin, je suis très heureux et fier, d’annoncer, l’arrivée prochaine, à mes côtés, d’actionnaires bordelais, tous entrepreneurs à succès, qui font partie depuis un moment de l’écosystème du club et qui au-delà d’être actionnaires, formeront aussi un groupe d’individus sur lesquels nous pourrons compter afin d’avancer dans le projet en ayant leur appui mais aussi leurs idées et leurs réflexions de gens avec un ancrage local fort.

J’espère donc que nous pourrons reconstruire très rapidement, tous ensemble, ce club et suis persuadé qu’après les écueils, nous saurons faire de ce projet notre projet commun.

Bien à vous

Gerard

Reste à savoir maintenant comment cette lettre sera perçue par l’ensemble des supporters girondins excédés depuis de long mois par une gestion catastrophique du club et une descente aux enfers.

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